Alain Kokor

À propos de Alain Kokor

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Alain Kokor commence sa carrière de dessinateur à l’aube des années 90 sous le patronyme d’Alain Koch avec La Danse du Crabe, L’Équipée Musicale (aux éditions Rackham) et Les Aventures de Phil Korridor, avec Alph Desneuve (chez Zenda). En 2000, il prend le pseudonyme de Kokor pour son premier grand roman graphique, Kady. Suivront, Balade-balade, Le Commun des mortels et la trilogie des Voyages du Docteur Gulliver (éditions Vents d’Ouest). En 2009, il réalise son premier livre pour la jeunesse, Petite souris, Grosse bêtise, sur un scénario de Loïc Dauvillier (éditions de la Gouttière). En 2012, il rejoint Futuropolis avec Supplément d’âme. Suivront Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied (avec Pascal Rabaté), L’ours est un écrivain comme les autres (d’après William Kotzwinkle) et Rocking chair (avec Jean-Philippe Peyraud). Il vit au Havre.

Ses publications

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Simon & Lucie : les ciels changeants
Simon & Lucie : les ciels changeants

Entretien avec Alain Kokor

interview

On dit souvent de vous que vous êtes unpoète de l’image. Comment définiriez-vous A lain Kokor ?
Oui, j’ai cette étiquette de poète depuis tout petit ! Depuis qu’une fille qui jouait avec moi dans une cage à écureuil m’a dit un jour, alors que je devais avoir 8 ans : « Toi, t’es un poète ! » J’ai d’abord cru que c’était un gros mot et je suis rentré chez moi en pleurant ! (rires) En toute sincérité, je n’identifie pas exactement en quoi je suis poète et disons que c’est bien comme ça. La poésie de Diastème, si je devais la définir, je dirais que c’est surtout la grande humanité qu’il fait naître dans tous ses personnages qui m’embarque immédiatement, car elle est dialogique, en grande partie faite pour le théâtre – en tout cas dans le cadre de l’histoire de Simon et Lucie. Quand je l’ai découverte, j’ai tout de suite su que je souhaitais travailler avec ces cœurs battants.

Comment avez-vous découvert les textes de Diastème et décidé des séquences à reprendre dans votre album ?
Sonia Déchamps souhaitait, pour sa collection, faire se rencontrer des auteurices de théâtre et de bande dessinée pour des collaborations, sans qu’il s’agisse forcément d’adaptations. Un jour que nous discutions autour d’amours adolescentes, elle m’a raconté qu’elle avait assisté, il y a plus de vingt ans, à une représentation de La Nuit du thermomètre de Diastème, à Nice, pièce dans laquelle il est justement question d’amour de jeunesse. J’ai lu ce texte, puis les autres, les « suites », et je me suis immédiatement retrouvé dans les réflexions de Simon et son aventure avec Lucie. J’ai retrouvé mes 14
ans, mes amours d’enfance. C’est un sentiment très fort, que je partage je pense avec nombre d’amateurs de l’œuvre de Diastème. J’ai bien sûr conservé beaucoup d’éléments qui étaient en place dans l’histoire et je me suis aussi amusé à souligner quelques associations, surtout dans la dernière partie du récit. Il y a notamment une scène en Suisse où se trouve Simon, à Vevey, la ville qui a vu vivre et mourir Charlie Chaplin, Or, beaucoup plus tôt, on voit Simon et Lucie en train de courir rue Charlot à Paris. Je devais souligner l’évidence de cet hommage !

Comment s’approprie-t-on l’histoire de personnages qui accompagnent leur créateur depuis plus de vingt ans ?
Mon souci premier a été de savoir comment rendre au mieux ce que j’avais moi-même ressenti à la lecture des textes de Diastème. Comme il s’agissait de réunir trois textes en
un seul récit (le deuxième texte faisant référence au premier et le troisième aux deux premiers) le gros travail « d’assemblage » a été de fabriquer des ponts graphiques là où j’enlevais quelques textes de flashback. Je suis arrivé à notre première rencontre tout
tremblant, quelques croquis sous le bras… Diastème m’a parlé de Simon, de Lucie, de
leur histoire, avec une petite larme dans les yeux. Bien entendu, créer des personnages, c’est les incarner, se mettre dans leur peau. Cela demande une implication très forte ! J’ai
vite compris qu’il était en fait en attente de ce que j’allais lui proposer. Il m’a laissé complètement libre et, au fur et à mesure, j’ai senti de sa part une pleine confiance dans mon travail.

Connaissiez-vous le Diastème musicien avant de travailler ensemble ? Quelle chanson représenterait pour vous le mieux l’histoire de Simon et Lucie ?
Ce qui est drôle, c’est que la première fois que j’ai entendu parler de Diastème, je me trouvais précisément dans un studio d’enregistrement ! J’accompagnais Zézé Mago (dont un titre, « Nicolas », se retrouve au détour d’une case) et, dans le même studio, il y avait aussi Dominique Blanc-Francard, qui est le père de Sinclair pour lequel Diastème
a écrit quelques chansons… Dans l’album, la Gosse ne quitte jamais ses écouteurs et elle fredonne souvent. Quand on la voit pour la première fois, elle écoute « Le Reste du temps » de Cabrel, très belle chanson que je ne connaissais pas, puis Daho, Souchon, Téléphone, etc. Tous ces extraits me sont venus assez naturellement. Je crois que ce serait ça, la bande son de Simon et Lucie : un assemblage de chansons qui toutes arrivent à point nommé dans la vie des personnages, comme des évidences.