Marie Baudet

À propos de Marie Baudet

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Née en 1983 à La Rochelle, et après avoir passé 17 ans à Paris, Marie Baudet vient de revenir à sa ville d’origine. Diplômée d’une école de cinéma, elle a également suivi un cursus en graphisme aux Gobelins. Nimbées d’une nostalgie toute rohmérienne, ses peintures élégantes et naïves aux visages anonymes s’inspirent de photographies glanées dans ses albums de famille. Elles nous renvoient à nos propres souvenirs d’enfance et évoquent, en contrechamp, les derniers vestiges de la douceur de vivre des trente glorieuses. L’amour, après est sa première bande dessinée.

Ses publications

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Eyes Without a Face
Eyes Without a Face
L’amour après
L'amour après

Entretien avec Marie Baudet

interview

Les cases de votre bande dessinée défilent le temps d’une chanson de Billy Idol, Eyes Without a Face (enregistrée l’année de votre naissance, 1983 !). Que représente cette chanson, ce titre, pour vous, au point d’en faire le fil rouge du récit ?
Eyes Without a Face de Billy Idol est un morceau que j’adore, très radio Nostalgie, très cinématographique, à écouter en voiture fenêtres ouvertes l’été ! Un jour, j’ai réalisé que le titre entrait en résonance avec mon style graphique, le fait que je ne dessine pas les visages. Je trouvais cet écho intéressant et, en regardant le clip de Billy Idol, tellement kitch années 1980 – avec des fumigènes, du cuir, du feu, des effets de montage et fondus, etc. –, ça m’a amusée et inspirée ! J’ai appris un peu plus tard que ce morceau est en fait un hommage à un film d’horreur franco-italien des années 1960, Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju et scénarisé par Claude Sautet. J’ai vu le film depuis et je suis encore plus ravie de cette mise en abîme ! Pour l’anecdote, dans le refrain de la chanson de Billy Idol, on peut entendre (même s’il faut bien tendre l’oreille) une chanteuse dire « les yeux sans visage » en français, en référence directe au film. « Je me tourne très naturellement vers l’absurde et l’originalité qui me réjouissent par leur inventivité et leur liberté. »

Internet est là, ainsi que la téléphonie mobile, et pourtant, le monde d’Eyes Without a Face paraît s’être figé dans les années 1980-1990. Qu’est-ce qui vous plaît dans la peinture de cette époque ?
C’est en fait le point de départ de mon travail, auquel je reste fidèle, et que je prolonge par le biais de cette bande dessinée. J’ai longtemps repris des photos de mon enfance dans les années 1980-1990 que je reproduisais en peinture. Dans le livre, la famille du héros vit en quelque sorte de façon figée dans cette époque. Rien n’a bougé chez eux : des Feux de l’amour qui passe à la TV, jusqu’à la décoration intérieure de leur maison. J’ai pu m’amuser franchement avec tous les détails. On y retrouve ainsi une nappe cirée de cuisine bien vilaine, des tableaux de nénuphars zen de chez Leroy Merlin, des affiches de Pierrot dans les chambres, des motifs de style Memphis pour le linge de lit, des lampes à lave, etc. Bref, j’ai adoré compiler tous les détails de cette déco ! Cela fait partie de ma démarche artistique, l’attention portée aux détails d’un environnement et à tout ce que ces codes amènent dans la grille de lecture.

Sur Instagram, où vous partagez quelques secrets de fabrication de vos bandes dessinées, vous expliquez notamment que votre maman vous a servi de modèle pour la mise en scène du personnage principal, Sylvain. Quelle importance accordez-vous à la gestuelle, tant de Sylvain que de sa sœur, désopilante en « sportive du dimanche » ?
Il y a un aspect de mise en scène et de réalisation qui me satisfait beaucoup dans le fait de faire des séances photo de mon entourage en amont pour mieux retranscrire les positions de mes personnages. C’est une étape intéressante de direction de jeu d’acteur et d’angle de prise de vue. Je trouve que l’exactitude des positions ajoute quelque chose au dessin. Pour Eyes Without a Face, ma mère a donc en effet joué mon personnage principal. Et j’ai moi-même joué celui de la sœur fan de fitness en tenue moulante fluo ! Je l’ai joué en charentaises et en gros pull, puis j’ai transformé la morphologie, les vêtements et les décors. C’est amusant à faire et les photos de travail sont assez drôles à regarder après coup !

Ce personnage de raté hilarant malgré lui est-il inspiré d’un autre personnage, d’une personne réelle ou incarne-t-il une sorte d’archétype ? Et le reste de sa famille, haute en couleurs ?
Je note et je collecte les situations du quotidien auxquelles je peux trouver un aspect comique – que ce soit chez moi, dans ma vie ou bien chez les autres. Parfois, ce qui nous arrive n’est pas drôle, on est au fond du trou, mais ça peut très bien le devenir en extrayant un événement d’une histoire personnelle et en le traitant avec décalage au sein d’une toute autre aventure ! Mes personnages ne proviennent pas de personnes réelles mais ce sont des compositions de bouts de choses et d’autres, de bribes de conversations, de vraies personnes que je croise, et aussi de moi.

Comment qualifieriez-vous l’humour que vous employez et d’où vous vient-il ?
C’est un humour décalé, je crois ! J’ai toujours eu une appétence pour ce qui sort des registres classiques. En tant que lectrice ou spectatrice, je suis très rapidement émue, mais ce n’est pas forcément vers ça que je vais. J’aime l’idée du divertissement et mes références favorites sont toujours un peu décalées. Je me tourne très naturellement vers l’absurde et l’originalité qui me réjouissent par leur inventivité et leur liberté. Que ce soit dans le cinéma, dans la musique, ou encore chez les gens du quotidien, je suis cliente de ce qui me divertit avec joie. Il est donc tout à fait possible que l’humour qui ressort de cette bande dessinée provienne de ces références et de cet environnement qui est le mien, dont je me nourris.