Née en 1987, Sonia Déchamps a intégré à 20 ans, en parallèle de ses études d’histoire, la rédaction d’Europe 1, où elle a travaillé six ans avant de rejoindre Mouv’, la radio jeune de Radio France. Journaliste littéraire, passée par France Culture (Le Réveil Culturel, La Dispute), Polar+ (Pistes Noires), Le Monde des ados, Les cahiers de la BD ou encore Casemate, elle a initié le cycle Les jeudis de la bande dessinée au Centre Pompidou. Autrice, elle a collaboré avec Alain Kokor dans La Revue Dessinée, écrit des strips avec Clément Paurd pour Mâtin! (éd. Dargaud) et publié Sumographie avec David Prudhomme (éd. Soleil). Elle est par ailleurs engagée aux côtés de l’association La ZEP (La Zone d’Expression Prioritaire) avec laquelle elle mène des ateliers d’écriture auprès des 15-25 ans. Depuis juin 2020, Sonia Déchamps est codirectrice artistique du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.
Comment est née la collection Virages Graphiques ?
Cette collection est née de l’envie de raconter le monde d’aujourd’hui à travers
la fiction. Et de voir pour cela collaborer des dessinateur·ices de bande dessinée et
des romancier·es, des auteur·ices de théâtre. Quand l’opportunité de devenir éditrice s’est présentée, il m’est apparu comme une évidence que je pouvais et voulais être un trait d’union entre ces différents univers, que j’aime tellement. Je fais se rencontrer des artistes que j’admire et qui, sans moi, n’auraient sans doute jamais eu l’occasion d’échanger. Des artistes qui ont, je le sens, je le sais, des choses à se dire, et des histoires à raconter ; ensemble. C’est particulièrement excitant ! Voir aujourd’hui travailler le dessinateur Alain Kokor avec Diastème, dont les pièces ont tellement eu d’importance pour moi adolescente, est particulièrement émouvant, et enthousiasmant. On a besoin de fictions, j’en suis persuadée ! Dans ma vie de lectrice et de spectatrice, ce sont les fictions contemporaines qui m’ont le plus marquée, le plus bouleversée. J’aimerais procurer à mon tour ces émotions aux lectrices et aux lecteurs de Virages graphiques.
Comment sont formés les duos ?
Le facteur humain est très important. Parfois, cela part de mon envie de travailler avec un romancier ou une autrice de théâtre, que je contacte et avec qui j’échange beaucoup, puis une idée arrive qui se transforme après discussion en un synopsis détaillé. Et là, avant d’aller plus loin, il convient de trouver la personne avec qui continuer à avancer. Quand Olivier Bruneau m’a proposé l’histoire de Robbie, un enfant de 12 ans qui va chercher à comprendre comment il est mort, je n’ai pas tout de suite pensé à Émilie Gleason. Il m’a fallu un peu de temps et un jour, comme un flash, cette histoire avait besoin de sa folie ! Leur rencontre m’a donné raison, et Olivier a pu continuer à écrire en ayant en tête ses échanges avec Émilie. Je tiens à ce que ces créations originales soient de « vraies » collaborations. Un autre projet est parti de l’envie d’une dessinatrice, Chloé Wary, qui m’a soufflé le nom d’un auteur dont j’aimais moi aussi beaucoup l’univers, l’écriture. D’autres fois encore, cela part du dessin : Guillaume Lavenant, voyant les dessins d’une jeune dessinatrice avec qui j’avais très envie de travailler, a eu envie d’écrire. À partir de ses images. Il n’y a pas de règles. Il faut que quelque chose de très instinctif surgisse. Et c’est vrai aussi des collaborations en elles- mêmes : mon rôle n’est pas le même selon les personnes avec lesquelles je travaille ! C’est du sur-mesure, avec l’ambition de la haute couture.
Vous travaillez avec des auteur·ices reconnu·es mais aussi avec de jeunes artistes…
C’est très important pour moi ! Mon réflexe premier, quand on m’a confié la création
de cette collection, a été de me tourner vers des dessinatrices et des dessinateurs que j’avais lu·es, rencontré·es et dont j’aimais beaucoup le travail. J’ai été heureuse de constater qu’elles/ils étaient séduit·es par l’idée de ces collaborations, et me suivaient sans hésiter. Mais il m’est rapidement apparu évident que j’avais aussi envie de découvrir et d’accompagner de jeunes artistes. Maëlle Reat, Candela Sierra, Rosalie Stroesser, Marie Baudet, Camille Aguiraud, Cécile Dupuis… Je me sens privilégiée qu’elles m’accordent leur confiance.